Pourquoi ?

Publié le par Maï Lys

J'ai allumé l'interrupteur et j'ai pleuré.

J'ai chialé comme une gamine esseulée, une gamine apeurée, une gamine qui refuserait de grandir.

J'ai le cœur lourd et la tête creuse, avec en horreur les bruits de la ville. Confusion des sentiments, l'âme en débâcle, j'ai mal. Mal d'avoir perdu tant de visages anonymes. Mal à en vomir. Je ne comprends pas. Et il a fallu seulement trois pauvres soirées pour que je réalise l'ampleur de ce vendredi 13.

À cela s'ajoute un sentiment de culpabilité. Une sorte de poison qui explose en pleine figure quand on n'a rien demandé. J'ai suivi l'horreur depuis mon canapé, j'ai envoyé un message groupé à tous les gens qui de près ou de loin ont fait partie de ma vie, j'ai gueulé, j'ai suivi les infos en boucle sur BFM TV, j'ai mal dormi, j'ai mis le filtre bleu blanc rouge sur facebook...


ET pourtant une seule question me taraude l'esprit : Pourquoi ?


A quoi rime tout ce foutu bordel ?


J'en rigole presque à l'heure ou j'écris ces mots. Je n'arrive pas à rentrer en résistance, à me sentir française, à faire l'apanage de la république et des grands discours. Quoique je fasse, ça ne ramènera pas nos morts et ça n'empêchera pas non plus la vie de suivre son cours. Et je regarde d'un œil torve toute cette effusion d'images, de paroles de soutien, d'amour 2.0. Je m'en veux que nous soyons devenus à ce point égoïstes. J'aurais envie d'embrasser le monde, de crier ma rage et ma tristesse, de percer une brèche dans le mur de notre ignorance.

Mais non, je suis juste là à taper sur mon clavier pendant que se perpètre la déchéance humaine.

Pour l'heure je souffre et me dis que la connerie humaine n'a pas de visage. J'aimerais croire en nous, vraiment. Je remplis mon quotidien de fausses craintes et de silences. Mendiante de chaleur humaine, je lorgne sur la rue en inventant la vie de mes pairs sans pour autant leur adresser la parole. La mécanique des cœurs est devenue tellement complexe. On se séduit, on se côtoie, on s'engueule par écran interposé. On se gave d'informations en cascade, de morts, d'accidents. On dit, on se vante, on ment, on baise son prochain.

Je ne me relirai pas. Les mots, trop contenus, devaient juste trouver refuge quelque part. Je ne me justifierai pas. J'ai pas envie d'alimenter le débat, et suis bien mal placée pour pointer du doigt tous les maux de la Terre.


Juste pour ce soir, pour cette fois, je me demande : Nous sommes-nous perdus de vue une bonne fois pour toutes ?

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G
Article très touchant ma grande, tu devrais réaliser un onglet sur ton site avec l'ensemble de tes dessins qui sont vraiment très beaux !<br /> <br /> Je t'embrasse !<br /> <br /> Guigui.
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